Faire table rase du passé, ce n’est plus un luxe, mais une obligation légale pour les bâtiments tertiaires français. Depuis que la loi ÉLAN a vu le jour en 2018, le Code de la construction et de l’habitation impose de nouvelles règles du jeu. À la clé : une réduction drastique de la consommation énergétique dans les immeubles de bureaux, commerces et autres locaux professionnels. Le décret du 1er octobre 2019 en a fixé les contours précis. Résultat : depuis septembre 2022, chaque entreprise doit déclarer, chaque année, la performance énergétique de ses locaux. Ces mesures ambitieuses marquent le début d’une nouvelle ère pour les bâtiments tertiaires sur le territoire.
L’utilisation des murs-rideaux : vers des façades plus responsables
Changer l’apparence d’un immeuble n’est pas anodin. Les murs-rideaux, ces enveloppes libres légères, jouent ce rôle : ils protègent du vent, de la pluie, tout en laissant filer l’audace architecturale. Ici, l’enveloppe ne porte pas l’édifice ; elle dessine une nouvelle identité, donne de l’élan visuel et technique, là où les façades traditionnelles s’imposent.
Panorama des modèles de murs-rideaux
Les alternatives ne manquent pas pour répondre à la diversité des chantiers et des ambitions. Voici les principales familles qui structurent le marché actuel :
- aluminium avec vitrage extérieur parclosé,
- aluminium au rendu « tout verre », avec ou sans ouvrants apparents,
- version coupe-feu,
- aluminium assemblé par éléments,
- effet « tout verre » avec profilé de pression,
- structure aluminium à isolation améliorée,
- aluminium pare-balles FB4,
- aluminium vitré respirant,
- aluminium anti-effraction jusqu’à RC3.
Le tandem verre-aluminium domine largement, mais chaque façade peut exiger des solutions uniques. Certains développent des variantes hybrides, intègrent des grilles, des décors métalliques ou privilégient une structure composite aluminium et bois. Pour celles et ceux décidés à adapter l’esthétique et la performance à leur projet, il existe des murs-rideaux personnalisables apportant une réponse sur-mesure à chaque défi architectural.
Pourquoi les murs-rideaux séduisent-ils autant ?
Le premier bénéfice est visible au quotidien : la lumière naturelle circule mieux, limitant l’usage de l’éclairage électrique et, logiquement, la facture d’énergie. On récupère aussi de l’espace intérieur, jusqu’à 30 cm gagnés, selon la configuration, un détail qui peut changer l’aménagement d’un espace de travail ou optimiser une boutique. Un mur-rideau correctement pensé traverse les décennies : une durée de vie d’environ 50 ans n’a rien d’exceptionnel.
La souplesse de personnalisation fait la différence. Les designers peuvent adapter la finition intérieure indépendamment de la façade extérieure, facilitant l’intégration dans tous les univers décoratifs. Dès la conception, la sécurité incendie, la récupération et l’évacuation de l’eau de pluie sont prévues pour anticiper tout risque ou dysfonctionnement.
Performances énergétiques : où fixer la barre ?
Impossible d’ignorer le poids des bâtiments tertiaires : ils comptent pour 17 % de la demande énergétique française, devancés par les transports, le secteur résidentiel et l’industrie. L’Agence de la transition écologique précise qu’ils grèvent à eux seuls 78 % des dépenses énergétiques des collectivités hexagonales. Une part considérable.
Malgré l’enjeu, à peine 1 % du parc est rénové chaque année. Les mesures obligatoires actuelles ont encore du mal à enclencher une véritable baisse de la consommation globale. La situation impose de varier les stratégies pour permettre au secteur tertiaire d’amorcer sa transition, face à l’urgence climatique qui ne faiblit pas.
Désormais, le décret « tertiaire » impose un calendrier précis à tous les bâtiments de 1 000 m² et plus. Trois paliers à atteindre : 40 % de diminution d’ici 2030, 50 % en 2040, et enfin 60 % à l’horizon 2050. Le tout, toujours par rapport aux niveaux de référence de 2010.
Quels leviers actionner, pour quels impacts ?
Pour dessiner un futur plus sobre, différentes mesures concrètes sont à la portée des gestionnaires d’immeubles :
- installer des équipements performants qui consomment moins,
- gérer la consommation avec des systèmes automatisés et des scénarios intelligents,
- lancer des travaux d’isolation et de rénovation thermique,
- introduire des sources d’énergie renouvelable, comme des panneaux solaires.
L’État a confié à l’Agence de la transition écologique le suivi régulier via la plateforme nationale OPERAT : chaque propriétaire ou bailleur doit y saisir annuellement les données de consommation énergétique de ses biens.
Cette plate-forme délivre ensuite un certificat annuel si les obligations sont tenues. Si ce n’est pas le cas, mise en demeure et trois mois pour rectifier le tir s’imposent.
L’explication d’un écart reste possible, mais elle ne suffit pas toujours. Si elle ne convainc pas, l’administration applique une sanction financière : jusqu’à 1 500 € pour un particulier, 7 500 € pour une entreprise. La dissuasion se mêle à la pédagogie, n’accordant aucun répit aux retardataires.
Nouveau visage, nouvelles règles : le parc tertiaire joue sa survie, entre adaptation inventive et risque de sanction. Certains bâtiments prennent les devants et deviennent la preuve concrète qu’un autre horizon est possible. Pour les autres, la transformation attendue pourrait vite ressembler à une relégation silencieuse.


