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Quel est le rôle social de l'assurance ?

L'assurance vie moderne en France est née en 1787. Elle résulte de la création, autorisée par édit de Louis XVI (aujourd'hui elle semble être « approuvée par décision de l'Autorité de contrôle prudentiel «), de la Royal Insurance Company on Human Life. Aujourd'hui, l'encours des provisions d'assurance-vie dépasse 1,3 milliard d'euros, dont 210 milliards d'euros pour le soutien de l'unité de compte : ces soutiens UC pèsent presque autant que toutes les actions d'OPCVM détenues directement par des épargnants français et deux fois plus que les actions cotées détenues par les mêmes Français.

Il y a une dizaine d'années, lorsque j'étais délégué général du Groupement des assurances de personnes auprès de la Fédération française des compagnies d'assurance, j'ai eu l'idée d'écrire le graphique de l'évolution des cotisations à l'assurance vie et maladie. depuis l'après-guerre.

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Surprise : elle est exponentielle, perturbée uniquement par des dangers cycliques, malheureusement de plus en plus répandus. Cette croissance confirme le rôle irremplaçable de l'assurance-vie pour nos concitoyens et pour notre pays. Comment en sommes-nous arrivé là ?

Une définition très moderne

Cette croissance confirme le rôle irremplaçable de l'assurance vie

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En France, l'histoire de l'assurance vie a commencé avec la création de la Royal Insurance Company on Human Life, à l'instigation d'Étienne Clavière, un banquier genevois devenu Premier ministre des Finances de la République, balayé par la Terreur. Pionnier du génie, il nous laisse une définition fine de l'assurance-vie, d'une modernité extraordinaire : « Nous entendons par assurance-vie, un contrat en vertu duquel les assureurs reçoivent annuellement, pour un nombre limité d'années, ou une fois pour toutes, un certain montant, à condition qu'au décès d'une ou de plusieurs personnes désignées dans le contrat 1 , elles versent un capital ou une rente annuelle au-dessus de la tête d'une ou de plusieurs personnes désignées de la même manière dans le contrat. » Dans mon métier, sa vision du rôle de l'assurance dans la société guide ma vie professionnelle.

Cotisations d'assurance vie (affaires directes, France) Au service de l'intérêt général

L'approche d'Étienne Clavière était à la fois sociale et économique. Pour lui, le but de l'assurance-vie est dans l'intérêt général : « Répondre à la durée inégale de la vie humaine et à l'intérêt de l'argent, à fonder des ressources pour la vieillesse ou, après le décès, en faveur des survivants, est en un mot le but de tout type d'assurance-vie. Son utilité globale ne fait aucun doute. Dans tous les pays où les gens se soucient du bonheur des gens, les hommes qui ont inventé ces assurances ont été placés au rang de bienfaiteurs de la société.

 

Renaissance

La Royal Company n'a pas survécu à la Révolution et nous avons dû attendre le Second Empire pour que l'assurance-vie renaisse de ses cendres.

Décollage L'assurance-vie a vraiment pris son envol avec le développement des premiers contrats de paiement ouverts. C'est à cette époque que les associations d'épargne ont été créées : Amphitéa, partenaire d'AG2R La Mondiale (1974), Afe (1976, partenaire d'Aviva), Agipi (1976, partenaire d'Axa).

Il a failli avoir une seconde mort, emportée par l'inflation lors de la dernière guerre. Pour résumer le sentiment de nos compatriotes, une capitale garantie qui a permis l'achat d'une voiture en 1940 ne représentait guère plus que la valeur des pneus en 1945. Échaudés, les Français se sont éloignés de l'assurance-vie pendant une génération, plus précisément jusqu'en 1970.

Les Français ont quitté l'assurance-vie pendant une génération jusqu'en 1970

Nous voici de nouveau dans notre exponentielle : 1970 est le zéro de l'abscisse, le moment du décollage. Outre le facteur « oubli générationnel », je pense qu'il existe une autre explication fondamentale à ce retour à l'assurance-vie : des solutions au dilemme du taux technique et de l'inflation ont été trouvées. En effet, s'il est clair que le taux d'intérêt garanti a priori par les assureurs-vie doit être limité à un niveau suffisamment bas pour être viablement viable, c'est-à-dire potentiellement pendant deux décennies, il n'en est pas moins évident qu'un rendement de l'épargne de 3,5 % lorsque Les rendements obligataires bruts supérieurs à 10 % laissent derrière eux un sentiment de désenchantement a posteriori ; et c'est un euphémisme lorsque l'écart s'accumule sur dix ans ou plus.

Participation excédentaire

La solution consistait tout d'abord dans le mécanisme de « part excédentaire », qui était obligatoire par la loi n° 66-935 du 17 décembre 1966, grâce à l'idée fructueuse de redistribuer 90 pour cent des résultats techniques et 85 pour cent des résultats financiers des compagnies d'assurance-vie. Ce principe permet d'adapter le rendement des contrats d'assurance-vie à l'environnement financier. Il permet également le regroupement au sein de la communauté sécurisée. Vous devez toujours jouer le jeu du regroupement intergénérationnel équitable.

Bancassurance

Nouveaux supports Alors que les contrats en unités de compte, à capital variable mobile ou immobilier, ont été autorisés en 1969 par une circulaire de la Direction des assurances (sans base juridique avant 1985), c'est le développement des marchés boursiers et immobiliers au cours des années 1980 qui allait générer une forte croissance de ces contrats. Il est surprenant de constater la stabilité des actions de ces contrats même en cas de tempête sur le marché boursier : seuls les flux sont affectés.

Avec les deux chocs pétroliers des années 1970, l'inflation et les taux d'intérêt bruts ont atteint un niveau record. Les banquiers considèrent que la collecte de l'épargne à long terme passe par l'assurance vie : ils créent, souvent en partenariat avec des assureurs, des filiales dédiées à partir du milieu des années 1980. Si Sogecap (1963, Société Générale) ou Cardif (1973, Paribas) étaient des pionniers, Preaching créé en 1986 par le Crédit Agricole connaît un boom fulgurant.

Connaître les flux de trésorerie de vos clients leur donne ces entreprises ont un net avantage à percevoir, aujourd'hui, plus de la moitié des cotisations d'assurance vie en France. Ces filiales permettent également aux banquiers de commercialiser une assurance emprunteur qu'ils peuvent offrir en même temps que des prêts immobiliers ou à la consommation.

Aversion au risque

Avec une culture financière largement influencée par l'existence de produits à court terme qui paient parfois très bien, sans impôts et sans risque, comme le Livret A, les épargnants français sont néanmoins largement réfractaires au risque. L'assurance vie, par son offre d'associer le soutien en euros à l'aide en unités de compte, parvient à développer une part des actifs risqués dans le patrimoine des ménages.

L'objectif principal des personnes assurées est de préparer leur retraite

Les cotisations d'assurance-vie s'élèvent maintenant à un peu moins de 150 000 millions d'euros. 84 % de ce montant est une assurance vie qui peut être éligible à des fins d'épargne car elle n'est pas spécifiquement hébergée dans un plan de retraite. Cependant, les enquêtes de la FFSA montrent que l'objectif principal des personnes assurées dans le cadre de ce type de contrat est de préparer leur retraite.

Les cotisations d'assurance retraite représentent environ 9 % du total. Ces contrats sont signés individuellement (PERP, contrats Madelin pour les travailleurs indépendants) ou collectivement (cotisations définies, prestations définies, chapeau de pension, PERE).

Un produit pas comme les autres

Assurance décès L'assurance décès représente 7 % du total des cotisations. On trouve ici des contrats « à vie entière », qui permettent le versement d'un capital ou d'une rente à une personne désignée au moment du décès de l'assuré, quelle que soit la date, ou les contrats « temporaires » qui autorisent de tels paiements uniquement si le décès tombe dans une période prédéfinie (comme pour l'assurance de l'emprunteur ou les rentes). éducation). Il est à noter que l'assurance vie est un outil idéal pour organiser sa succession, permettant d'ajuster les dispositions successorales, en faveur d'un parent handicapé, de petits-enfants...

L' assurance-vie est donc un produit en pleine croissance. Au cours des dix dernières années seulement, les encours ont doublé, représentant une croissance annuelle moyenne de 7,4 %. Selon toute vraisemblance, cette progression devrait se poursuivre.

Mieux encore, en 2010, comme en 2009, l'assurance-vie représentait plus de 100 % du flux d'investissements financiers, et tous les autres investissements n'étaient généralement pas encaissés, soit en raison de risques trop élevés (actions, obligations, OPCVM), soit en raison de leur rentabilité trop faible (brochures A, fonds monétaires, comptes à terme) . Alors Ainsi, l'assurance-vie semble être le seul véritable véhicule d'investissement financier et il n'existe pas de véritable alternative pour les épargnants.

Financement de l'économie

Avec son développement, l'assurance vie permet de financer l'économie de notre pays de manière durable. L'assureur vie est, en fait, un investisseur institutionnel de premier plan, capable de lever et de mobiliser une épargne longue et stable.

De plus, l'assurance vie, telle que l'assurance non-vie, en particulier dans la situation économique que nous connaissons avec la crise financière, est impliquée d'une manière significative pour le financement de la dette de l'État. Au-delà de l'importance de ce financement, les investissements d'assurance concernent principalement les entreprises : les titres de sociétés, les actions et les obligations combinés représentent plus de la moitié des actifs des compagnies d'assurance en termes de valeur de marché.

18 % de la valeur de le marché en circulation, soit un peu moins de 300 milliards d'euros, est investi directement ou indirectement en actions. Le développement des contrats d'assurance-vie et de contrats unitaires au cours des dernières années a contribué de manière significative à cette orientation.

Quant au financement des entreprises par la souscription d'obligations, il est essentiel lorsqu'il devient difficile de lever des capitaux en bourse, comme ce fut le cas récemment.

Par conséquent, l'assurance-vie, dont les actifs représentent 90 % des actifs des compagnies d'assurance, présente un intérêt économique et social. Elle doit malgré tout conserver les moyens de jouer ce rôle moteur.

Menaces et risques

Appréhendée dans sa dimension contractuelle, l'assurance vie protège et renforce les actifs. Il permet aux personnes assurées de bénéficier d'une sécurité maximale. La robustesse du secteur pendant la grande crise que nous venons de connaître en est un exemple. cela est remarquablement tangible. Cependant, le succès de l'assurance dépend de la confiance et la confiance repose sur la stabilité. À cet égard, l'insécurité fiscale et juridique qui pèse régulièrement sur le secteur constitue une menace majeure.

Le marché de l'assurance vie reste extrêmement flottant

L' assurance vie, comme l'ensemble de la profession, doit évoluer dans un cadre réglementaire clair et durable. Avec cette condition préalable en place, il faut également veiller à toujours trouver le juste équilibre entre le niveau de réglementation nécessaire et la part laissée libre d'entreprendre, condition nécessaire à l'innovation. En d'autres termes, pour que l'assurance-vie continue d'être le meilleur instrument de protection et de développement de la richesse, afin de mieux répondre aux attentes des assurés, il faut faire les bons compromis entre les besoins de l'économie et les intérêts des assurés. De ce point de vue, la réforme de l'impôt sur la fortune annoncée pour 2011 devrait mettre en lumière les intentions des pouvoirs publics.

Outre les menaces exogènes qui le pèsent, l'assureur vie aura également tout intérêt à se protéger, en évitant de devenir créateur de ses propres risques.

De nouvelles opportunités

Toutefois, l'optimisme doit être de mise. En fait, le marché de l'assurance-vie est toujours extrêmement flottant. L'évolution de la démographie et la détérioration des comptes sociaux rendront de plus en plus nécessaire le recours à une assurance privée, collective ou individuelle, en plus des régimes de protection sociale obligatoires. Les nouveaux risques, la nécessité d'une couverture accrue et les nouvelles attentes permettront à l'assurance-vie de remplir pleinement sa fonction d'utilité sociale.

Le la perte d'autonomie en est une parfaite illustration. Sans chercher à entrer dans le débat sur son mode de financement (public-privé), il semble évident que l'assurance vie aura tout son rôle à jouer, en plus de la solidarité nationale. En même temps, cela entraîne des responsabilités supplémentaires pour l'assureur vie, notamment celle de ne pas décevoir.

À cet égard, les assureurs-vie devront faire preuve de plus en plus de pédagogie et, par conséquent, la réforme liée au devoir d'information et de conseil doit être considérée non pas comme une menace mais comme une opportunité. Cette pédagogie renforcée contribuera à une meilleure compréhension et maîtrise de produits souvent complexes, permettant au preneur d'assurance de mieux arbitrer ses préoccupations à court, moyen et long terme, voire de favoriser des élections à long terme.

1. Bien qu'il n'existe pas de définition « civile » de l'assurance-vie, L'instruction fiscale n° 5 du 7 janvier 2000 (BOI 7 K-1-00) prévoit un très bon : « L'assurance-vie est une convention selon laquelle une personne (l'assureur) se lie à une autre (le preneur d'assurance) pour une période déterminée (la durée du contrat) pour une prestation unique ou périodique (la prime), à verser au entrepreneur lui-même ou à un tiers désigné ou déterminable (le bénéficiaire) un capital ou une rente, dans certaines éventualités selon la vie ou le décès d'une personne désignée (l'assuré). »

2. L'âge moyen d'un contrat d'assurance-vie est de 51 ans selon une enquête de la FFSA et la durée de vie résiduelle à cet âge est toujours de 32 ans.

Gestion à long terme À la lecture de l'histoire récente, les assureurs-vie ne doivent jamais perdre de vue que la dimension financière de leur entreprise est un moyen est une fin en soi, et que la recherche d'une rentabilité à court terme est parfois difficile à égaler avec la gestion des produits à long terme. Plus généralement, elle devra s'appuyer constamment sur ses fondamentaux, en prenant soin, entre autres, de ne pas réduire l'assurance à un simple produit d'épargne. En outre, la réforme Solvabilité II devrait permettre de mieux prendre en compte les risques assumés par l'assureur.