En juillet 2020, une note à l’attention des membres de l’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologique (OPECST) a été présentée concernant la crise du funéraire en France causée par la crise sanitaire du Covid-19.
Ce rapport a particulièrement mis en lumière les nombreuses conséquences subies par les personnes endeuillées et les métiers du funéraire.
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Entre l’urgence sanitaire et le respect des morts
Les scientifiques, sociologues et anthropologues identifient un double enjeu à cette crise sanitaire : la gestion de la surmortalité et la perturbation des rites funéraires. En effet, la mort de masse, caractérisée par un nombre de décès important provoqué par une même cause, a bouleversé le pays d’un point de vue psychologique et organisationnel.
Nous avons constaté au fil des mois les difficultés à faire face à la crise du point de vue des moyens matériels et humains mais l’aspect psychologique a parfois été oublié. Cette mort de masse a été présentée, notamment dans les médias comme des morts « statistiques » et a occulté la mort dite « intime » comme l’évoque le rapport. Derrière ce nombre de morts annoncé quotidiennement, le respect pour les individus décédés ainsi que leurs proches est passé au second plan.
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Enfin, l’urgence sanitaire a primé sur le soutien aux malades, l’accompagnement des mourants et les cérémonies funéraires pour des adieux dignes. Entre solitude des malades et des mourants et difficulté à supporter la distance pour les proches des victimes, la crise du Covid-19 a traumatisé bon nombre de français.
Les métiers du funéraire durant la crise sanitaire du Covid-19
En première ligne face au virus, au même titre que les soignants du fait de leur exposition au virus, les professionnels du funéraires ont pourtant manqué de considération de la part de l’État et de la société. Les applaudissements lors du premier confinement étaient destinés principalement aux soignants et aux personnels des supermarchés alors que de nombreux autres métiers ont dû faire face au virus.
Au-delà du stress lié à la crise et de la peur d’être exposé ou de contaminer leur famille, les professionnels du funéraire se sont vus dans l’impossibilité d’accompagner l’entourage des défunts dans la dignité habituelle. Leur métier se caractérise pourtant par le soutien des proches dans leur deuil et dans les démarches administratives liées au décès.
De plus, une large partie des acteurs du funéraire sont des indépendants, lesquels ont vu leur chiffre d’affaires baisser de 30% à 40% dans certaines régions. Cette diminution de leurs recettes résulte de la baisse des dépenses des familles du fait de l’absence de soins de thanatopraxie, certes pas toujours nécessaires, en cas de suspicion ou de contamination du défunt et de l’annulation des cérémonies funéraires.
Certaines pompes funèbres ont, quant à elles, réussi à poursuivre leur activité dans des conditions plus sereines principalement dans les zones moins touchées par la crise. Dans la région nantaise, les agences funéraires ont été relativement épargnées. Une hausse d’activité liée à la surmortalité et donc un rythme plus soutenu durant plusieurs mois a même entraîné quelques difficultés dans l’accompagnement des familles. La Coopérative de Pompes Funèbres de Nantes, nous a notamment confirmé que les règles strictes de la distanciation sociale ont impacté ses services d’accompagnement et les familles.
Les rituels funéraires et le deuil pendant une crise sanitaire
Comment réaliser son deuil sans rituel funéraire ? Beaucoup de familles ont accepté les interdictions gouvernementales mais sont restées meurtries de ne pas avoir pu visiter leur défunt durant leurs derniers jours, de pas avoir pu voir le corps une dernière fois ou ne pas avoir pu réaliser de cérémonie funéraire.
Les cérémonies ont beaucoup manqué aux familles endeuillées, que ce soit par conviction religieuse, par l’impossibilité de réunir tout l’entourage touché par le décès et enfin par la distanciation et donc l’interdiction de témoigner de l’affection.
Des chercheurs ont d’ailleurs utilisé les termes « deuil empêché » ou « deuil confisqué » lorsque le travail du deuil n’a pas pu être entamé correctement durant la crise. Le Covid-19 a donc mis sous cloche les étapes du deuil selon Kübler-Ross.
La sociologue et anthropologue Gaëlle Clavandier évoque quant à elle le « deuil pathologique » vis-à-vis des décès vécus durant la crise. Selon elle, les rites funéraires se caractérisent par trois phases principales, qui sont la séparation, le deuil et le souvenir. Or, la séparation n’a parfois pas eu lieu, le travail de deuil a été perturbé et seul le souvenir reste.