L’affirmation « il faut être gentil avec les enfants » s’accompagne d’une série de malentendus persistants dans les milieux éducatifs. La gentillesse est parfois perçue comme une faiblesse ou une indulgence excessive, susceptible de nuire à l’apprentissage ou à l’autorité de l’adulte.
Pourtant, les recherches en sciences de l’éducation et en psychologie du développement démontrent un impact mesurable de la bienveillance sur l’épanouissement, la confiance en soi et les capacités d’apprentissage des enfants. Face à cette réalité, des stratégies concrètes permettent de placer la gentillesse au cœur des pratiques pédagogiques, sans compromettre l’exigence ni la structure.
Pourquoi la gentillesse joue un rôle clé dans le développement de l’enfant
La gentillesse envers les enfants ne se résume pas à une attitude douce ou à une tendance passagère. Elle imprègne, en profondeur, le développement personnel de l’enfant. Installer un climat de bienveillance, c’est donner à l’enfant des bases solides où la confiance et l’estime de soi prennent racine. Ces deux piliers ouvrent la voie à toutes les progressions. Les travaux en psychologie du développement le soulignent : un environnement empreint de bienveillance favorise l’émergence de l’intelligence émotionnelle, c’est-à-dire la capacité à identifier ses émotions, à comprendre celles des autres, à adapter ses réactions.
La gentillesse dépasse largement la politesse. Elle s’exprime comme un fil discret qui tisse la relation parent-enfant et façonne, plus largement, le rapport à l’autre. Chaque mot d’attention, chaque regard sincère ou geste empreint de respect nourrit chez l’enfant un sentiment de sécurité intérieure. Ce socle permet d’oser, de se tromper, d’apprendre sans se sentir menacé ou jugé.
A découvrir également : Enfants : valeurs familiales dans les familles diversifiées
Qu’il s’agisse de la sphère familiale ou de l’école, la gentillesse offre un cadre stable, propice à l’épanouissement. Elle soutient l’enfant dans sa quête d’identité, dans la construction d’une confiance durable. Elle révèle des potentiels souvent insoupçonnés. Les pédagogues le savent bien : c’est dans ce climat bienveillant que s’exprime la singularité de chaque parcours, loin des injonctions et des comparaisons stériles.
Comment reconnaître une attitude véritablement bienveillante au quotidien ?
La bienveillance ne se proclame pas, elle se démontre. Cela se traduit par de petites attentions, une écoute attentive, une disponibilité sincère. Repérer une posture authentiquement bienveillante, c’est observer comment adultes et parents interagissent avec l’enfant, que ce soit dans les gestes de tous les jours ou lors de situations tendues.
Quelques marqueurs permettent d’identifier cette posture :
- La communication s’affirme : poser de vraies questions, attendre la réponse, accueillir mots hésitants ou silences sans précipitation. L’adulte bienveillant laisse l’enfant s’exprimer, sans couper ni corriger à tout bout de champ.
- L’empathie se manifeste dans la reconnaissance des émotions, y compris celles qui dérangent ou bousculent. Dire « je vois que tu es triste » ou « tu sembles en colère » ne résout pas tout, mais cela valide ce que l’enfant traverse.
- Le respect s’observe dans la manière de fixer des limites sans rabaisser, d’encourager sans flatter à l’excès. Les marques de gratitude et de politesse rythment les échanges : un merci, un s’il te plaît, glissés à la hauteur de l’enfant, instaurent la réciprocité.
La bienveillance n’a rien d’une attitude laxiste. Elle exige une cohérence entre ce que l’on dit et ce que l’on fait, une capacité à reconnaître ses torts d’adulte et à s’excuser si la relation dérape. Ce comportement positif ne s’enseigne pas dans les livres, mais dans la cohérence des actes, le ton de la voix, l’attention portée à l’autre. Les enfants sont de fins observateurs : ils saisissent cette sincérité sans le moindre doute.
Des stratégies pédagogiques concrètes pour encourager la bienveillance chez les enfants
Mettre en œuvre la pédagogie de la bienveillance
Plusieurs pratiques, ancrées dans le quotidien, installent la pédagogie bienveillance de façon tangible :
- Valoriser chaque progrès, encourager l’expression des émotions, instaurer une atmosphère où la confiance grandit. Les adultes, qu’ils enseignent ou élèvent, transmettent ces valeurs autant par leurs actes que par leurs paroles.
- Pour installer la bienveillance au cœur du quotidien, privilégier des messages positifs s’avère payant. Plutôt que des formules négatives, proposer des alternatives constructives : « tu peux essayer ainsi » remplace avantageusement « tu fais mal ».
Des limites posées avec respect et clarté cadrent l’enfant, tout en évitant les messages toxiques qui érodent la confiance. L’adulte guide sans rabaisser, oriente sans brimer. L’auto-compassion se cultive également : reconnaître ses erreurs, apprendre à s’accueillir, même avec ses imperfections. La guérison émotionnelle passe par l’écoute, la patience, l’acceptation du droit à l’erreur.
Impliquer tous les acteurs éducatifs
Parents et enseignants interviennent à parts égales pour façonner un climat de bienveillance. Les dispositifs collaboratifs,conseils de classe, cercles de parole, médiation,installent durablement un cadre de respect mutuel. L’échange entre générations renforce la confiance et l’auto-acceptation chez les enfants comme chez les adolescents.
Transmettre la bienveillance, c’est offrir des repères solides, des outils pour grandir en harmonie. La cohérence des actes et des paroles construit, année après année, des adultes capables d’empathie et de responsabilité dans leurs relations, privées comme professionnelles.
Créer un environnement éducatif où la gentillesse s’épanouit naturellement
Pour faire vivre la gentillesse envers les enfants, il faut agir sur l’ensemble du climat éducatif, aussi bien à l’école qu’à la maison. La gentillesse ne se limite pas à la politesse : elle prend racine dans des relations harmonieuses et un respect de chaque jour. Dans les écoles, à Paris comme partout en France, des initiatives concrètes placent la bienveillance au cœur des interactions. Prendre le temps d’écouter, valoriser chaque effort, accorder de l’attention à chaque élève : tout cela nourrit la confiance.
Voici quelques pratiques qui favorisent concrètement cette dynamique :
- Un adulte qui fait preuve de considération, sans sarcasme ni jugement, aide l’enfant à construire une identité apaisée.
- Mettre en place des rituels,conseils de coopération, temps de parole, entraide,structure la vie collective et façonne la personnalité de chacun.
Le rôle de la famille reste tout aussi déterminant. Les habitudes, les gestes répétés, le choix des mots tissent un lien durable avec enfants et adolescents. Quand les actes rejoignent les paroles, le sentiment de sécurité devient palpable. Chaque encouragement, chaque marque d’attention façonne la capacité à s’ouvrir, à s’affirmer sans dominer, à faire preuve de compassion dans la vie, y compris dans la sphère professionnelle.
Refuser l’humiliation, fuir la compétition pour la compétition, c’est choisir un cadre où chaque parcours a sa place, où chaque rythme est respecté. Main dans la main, l’école et la famille installent les bases d’un développement personnel solide, où la gentillesse devient un atout, jamais un défaut. Et c’est là, précisément, que l’enfant apprend à devenir grand sans renoncer à sa sensibilité.