En 2023, moins de 25 % des fonds actifs européens ont surpassé leur indice de référence sur cinq ans, selon Morningstar. Malgré cette performance contrastée, les flux de capitaux continuent d’abonder vers certaines stratégies actives, portées par la promesse d’une adaptation rapide aux fluctuations des marchés.
Des frais généralement plus élevés, des rotations d’actifs fréquentes et une exposition accrue au risque distinguent cette méthode de sa rivale passive. Pourtant, nombre d’investisseurs institutionnels persistent à privilégier cette approche, misant sur une expertise capable de générer de l’alpha dans un environnement incertain.
Gestion active et gestion passive : deux philosophies d’investissement à comprendre
La gestion active et la gestion passive incarnent deux postures radicalement différentes dans l’univers de la gestion de portefeuille. Du côté de l’actif, tout repose sur la capacité d’un gérant ou d’une équipe épaulée par des analystes à sélectionner les actions, obligations ou autres actifs qui, selon eux, pourront dépasser la performance d’un indice de référence comme le CAC 40, le S&P 500 ou le MSCI World. Chaque choix s’ancre dans une analyse, une anticipation, un arbitrage. Ici, le stock picking et le market timing donnent le rythme. Les fonds actifs, les OPCVM ou encore le private equity incarnent cette approche fondée sur la conviction et la réactivité.
À rebours, la gestion passive consiste à répliquer la performance d’un indice en minimisant l’intervention humaine. Les ETF et fonds indiciels en sont les figures de proue. Leur proposition : offrir une large exposition aux marchés, fidèle à la tendance, tout en limitant les frais de gestion et en réduisant le risque d’erreur liée au jugement humain. Ici, il ne s’agit pas de faire mieux que l’indice, mais de suivre la marche collective, dans une logique de simplicité et de diversification.
Les points-clés à retenir entre ces deux logiques d’investissement sont les suivants :
- Gestion active : recherche de surperformance, rotation d’actifs, sélection personnalisée.
- Gestion passive : réplication mécanique, frais réduits, suivi strict des indices boursiers.
Ces stratégies ne se limitent pas aux seuls marchés d’actions. Immobilier locatif, SCPI, répartition entre actions et obligations : chaque classe d’actifs peut s’envisager via l’une ou l’autre de ces approches. Les arbitrages s’opèrent entre la quête de performance, la volonté de contrôler le risque et la gestion patiente sur le long terme.
Quels sont les avantages et limites de chaque approche pour l’investisseur ?
La gestion active attire pour sa flexibilité et la possibilité de générer de l’alpha, au-delà de ce que propose l’indice. Les gérants s’appuient sur l’analyse fondamentale ou quantitative pour déceler les tendances, repérer les failles du marché, ajuster l’allocation selon les cycles. Cette gestion de conviction permet de modifier rapidement la composition d’un portefeuille, d’arbitrer entre actions, obligations et liquidités, et de coller au plus près des objectifs financiers du client. Les stratégies dites Smart Beta témoignent de cette volonté d’explorer d’autres chemins, en misant sur des critères comme la volatilité ou la valorisation.
Mais viser la surperformance n’est pas sans revers. Les frais de gestion et de transaction, systématiquement plus lourds, finissent par peser sur la rentabilité. Les biais inhérents à la gestion humaine peuvent induire des arbitrages discutables ou des erreurs de timing. Les statistiques issues des rapports SPIVA rappellent que la plupart des gestionnaires actifs peinent à dépasser durablement leur indice de référence.
Face à ces constats, la gestion passive avance une alternative structurée. Reproduire fidèlement un indice boursier à travers un ETF ou un fonds indiciel permet de bénéficier de frais réduits, d’une grande simplicité et d’une diversification automatique, sans dépendre des choix individuels d’un gérant. Cette logique, plus automatisée, limite le risque d’erreur humaine et s’avère pertinente pour ceux qui privilégient la régularité sur la longue durée. Toutefois, en cas de secousses sur les marchés ou de changements rapides, cette absence d’ajustement peut se révéler pénalisante. Les produits passifs suivent la tendance, sans chercher à la devancer. L’optimisation fiscale ou l’allocation d’actifs sur mesure restent le terrain de la gestion personnalisée.
Comparer les performances : ce que révèlent les études et les données récentes
Les statistiques sont sans appel. Selon le rapport SPIVA de S&P Dow Jones Indices, sur dix ans, plus de 80 % des fonds actifs positionnés sur le S&P 500 se retrouvent derrière leur indice de référence. Ce schéma se vérifie aussi bien sur le MSCI World que sur le CAC 40. Les frais de gestion élevés et la difficulté à anticiper les cycles de marché minent la performance nette réellement perçue par l’investisseur.
Éclairages théoriques et constats empiriques
Les recherches d’Eugène Fama sur l’efficience des marchés montrent que les informations sont très vite intégrées dans les cours. Daniel Kahneman, quant à lui, met en lumière les limites cognitives qui influencent les décisions des gérants. La gestion active sait parfois profiter de marchés inefficaces ou de périodes de volatilité, mais ces situations restent l’exception sur un horizon long.
Voici quelques éléments concrets pour mesurer la réalité de terrain :
- La tracking difference des ETF et fonds indiciels reste en général sous la barre des 1 % par an, assurant une copie fidèle de la performance de l’indice marché.
- Les commissions de surperformance viennent alourdir la facture pour les détenteurs de fonds actifs, sans garantie de bénéfice réel.
La volatilité plus vive de certaines stratégies actives attire les profils qui recherchent un surcroît de rendement, mais elle expose aussi à des pertes marquées lors de retournements. Les données récentes illustrent la difficulté à réellement apprécier la valeur ajoutée de la gestion active, une fois tous les coûts et risques intégrés.
Conseils pratiques pour choisir la stratégie adaptée à votre profil et à vos objectifs
Avant de trancher, prenez le temps de fixer la durée de placement envisagée. Si la sécurité et la liquidité vous importent, les ETF ou fonds indiciels, capables de suivre un indice boursier comme le CAC 40 ou le S&P 500 tout en maintenant des frais contenus, offrent une solution attractive. En revanche, pour celles et ceux qui souhaitent profiter d’inefficiences de marché ou intégrer des critères ESG poussés, la gestion active garde ses atouts.
Il s’agit aussi de clarifier vos objectifs financiers et de bien considérer la diversification, tant sur le plan géographique que sectoriel. La gestion active autorise une allocation évolutive, ajustée selon les tendances économiques ou les convictions fortes sur certains marchés ou secteurs. La gestion passive, de son côté, facilite la régularité et la lisibilité du portefeuille.
Stratégie mixte : conjuguer discipline et opportunités
De plus en plus d’investisseurs institutionnels et particuliers s’orientent vers une stratégie mixte active-passive. Allouer une partie du portefeuille à des fonds actifs spécialisés (private equity, thématiques sectorielles, gestion flexible) tout en conservant une autre part via des ETF ou fonds indiciels permet d’équilibrer la quête de surperformance et la maîtrise des frais.
Quelques conseils concrets pour structurer votre réflexion :
- Consultez les plateformes telles que Sapiens, iShares (BlackRock) ou Nalo pour comparer les offres disponibles et l’accompagnement proposé.
- Demandez de la clarté sur les frais pratiqués, la facilité de revente (liquidité) et les risques liés à une trop forte concentration du marché.
- Pensez à intégrer les dimensions environnementales, sociales et de gouvernance (SFDR, critères ESG) à votre stratégie d’investissement.
Réfléchir à la stratégie de gestion ne se limite pas à un choix ponctuel : il s’agit de questionner régulièrement ses options, d’ajuster l’allocation selon le contexte et de s’assurer que le portefeuille reste cohérent avec ses aspirations, qu’elles soient personnelles ou professionnelles.
Face à une palette de marchés en transformation constante, les investisseurs avertis savent que la discipline, la curiosité et la rigueur font toute la différence. À chacun de tracer sa trajectoire, entre audace et mesure, pour ne pas confier son avenir financier au hasard du vent.